Prés de 150 personnes se sont réunies à Bruxelles ce samedi 15 Novembre afin de célébrer le dixième anniversaire de la révolution. Ce fut en même temps l’occasion de débattre des succès de celle-ci et du futur du Venezuela et du continent latino-américain.
La première chose à noter est la grande diversité des participants : personnes venues d’Amérique Latine, Flamands ou francophones, jeunes ou syndicalistes… Tous voyant le Venezuela comme un exemple à suivre et comme le début d’une société plus juste : un socialisme en construction !
La journée de solidarité s’est ouverte avec un discours prononcé par Guy Tordeur, le leader du syndicat chrétien dans la région de Bruxelles. « Le capitalisme de casino est en crise. C’est pourquoi les expériences alternatives, comme celle que nous observons au Venezuela, sont si importantes et c’est pourquoi nous devons en parler ».
En effet, le nombre d’activités, et l’intérêt porté sur la situation de ce pays, augmentent dans le milieu syndical. Nous assistons à une importante participation de certains syndicats, qui cherchent une alternative à gauche, dans ces activités.
Guy Tordeur a également appelé à un mouvement syndical plus large, international, et mieux organisé dans le contexte de mondialisation actuel : la coopération transfrontalière est une nécessité. Il a rappelé que la lutte au Venezuela est aussi la notre et a finalement demandé que les syndicats reconnaissent internationalement l’UNT.
La conférence s’est poursuivie avec un débat sur la crise économique internationale, avec la participation de l’ambassadeur de Bolivie, des diplomates du Venezuela et de Cuba, ainsi qu’Eric Toussaint, président du Comité pour l’Annulation de la Dette du Tiers-Monde.
L’ambassadeur de Bolivie, M. Enchauste, a fait remarquer le paradoxe d’une situation où les pays capitalistes se sont vus obligés de nationaliser en réponse à la crise. Sa remarque fut largement applaudie. Quelle différence lorsque c’est un pays d’Amérique Latine qui nationalise une partie de son économie ! Dans ce cas alors, les capitalistes s’indignent. Nos nationalisations, insista Enchauste, se veulent au service des intérêts des masses, les vôtres servent des intérêts contraires. Les bénéfices de nos nationalisations financent la lutte contre l’analphabétisme, la construction de maisons et la santé. Il a également signalé l’importance d’une intégration et collaboration croissante sur le continent pour atteindre les objectifs sociaux et économiques de la révolution.
Le diplomate cubain, M. Perera, a parlé du rôle des partis socialistes du monde. Ils doivent jouer leur rôle dans la défense des intérêts des travailleurs.
La crise financière a fait prendre conscience à un grand nombre de personnes de l’irrationalité de ce système économique et de l’impossibilité de le réformer.
Il a également indiqué que nous devons très vite penser au futur, non seulement du système économique, mais aussi de l’humanité. « En 2030, il nous faudrait deux planètes si nous voulons continuer à vivre de cette manière. Deux tiers de l’humanité vit encore dans de terribles conditions ».
Il a de plus noté comment les banques ont pu recevoir de vastes sommes d’argent comme aides financières, alors que des projets pour répondre à des besoins sociaux beaucoup plus importants sont privés de réels financements.
Eric Toussaint a expliqué que nous ne pouvons seulement parler de crise financière : c’est une crise du système dans sa totalité. Un système qui ne peut se réformer mais qui nécessite une transformation radicale. Il s’agit d’une véritable crise internationale, a-t’il répété.
Ses perspectives pour l’Amérique Latine sont sombres si le continent ne considère pas sérieusement les alternatives. La crise fera baisser les prix des exportations et réduira les revenus. De plus, il a fait remarqué que de beaucoup de banques en Amérique Latine sont des propriétés nord-américaines. Il est donc d’autant plus important d’observer l’exemple de Chavez et de nationaliser ce secteur autant que possible.
Robert Bonillo, conseiller du Ministre vénézuélien de la planification, était également présent à cette journée malgré l’imminence des élections dans son pays. Il a partagé sa fierté d’un PIB qui a augmenté de 4,6%, d’un salaire minimum qui a augmenté de 10% et d’un taux de chômage qui est passé de 20% à 7% grâce à la révolution.
La nationalisation de la compagnie pétrolière PDVSA, de l’industrie de l’acier et du ciment, rendent possible le financement de nombreux projets sociaux et stimulent la création de nouvelles maisons. Les bénéfices de ces compagnies ne sont plus dévorés par 2% de la population mais sont partagés entre la totalité des citoyens.
Il fut également mentionné l’importance de la lutte politique à l’échelle internationale. « Le néolibéralisme a gardé son hégémonie pendant longtemps. Pendant des années, au Venezuela, nous avons avancé des arguments idéologiques au sein du peuple. La solution à la crise dépend de l’idéologie ».
Après ce débat ont commencé les ateliers.
Un atelier sur les « missions » a attiré le plus grand nombre. Pol De Vos a donné une image générale des réformes sociales. Puis Alessandra Moonens vint compléter avec son expérience : cette médecin belge a travaillé au sein du système de santé vénézuélien pendant 6 mois.
Un autre atelier abordait le rôle des travailleurs dans la révolution. Un militant du syndicat chrétien, Sebbe Vandeputte, nous a donné un récit de première main sur la lutte de SIDOR et contre les sous-traitants. Kris Vandael, porte-parole du syndicat socialiste dans la raffinerie TOTAL, a expliqué la première visite officielle de son syndicat au Venezuela.
Dans un autre atelier, Wim Benda (ancien observateur international au cours des élections présidentielles de 2006) et Georges Spriet, ont expliqué comment fonctionnait la démocratie au Venezuela.
Durant les pauses, les nombreux participants ont eu l’opportunité de visiter les stands d’information, par exemple les Amis de Cuba, Initiative Cuba Socialista, Vrede, Pas touche au Venezuela (cette dernière ayant vendu plus de 140 euros de matériel).
La journée s’est terminée avec un débat sur le bilan de ces dix années de révolution, avec Robert Bonillo, Paul-Emile Dupret y Jésus Pino.
Erik Demeester de Pas Touche au Vénézuela a insisté sur le fait que nous devions changer l’image que les gens ont de la relation entre Chavez et le peuple. La véritable force dans cette révolution est les masses révolutionnaires de travailleurs, paysans, citadins pauvres et les jeunes. Ce sont leurs actions, leurs initiatives et leur participation qui ont poussé la révolution en avant.
Erik a également mis en garde contre le danger de la cinquième colonne des bureaucrates et réformistes au sein de la révolution bolivarienne, qui sont un frein dans le processus et qui ne veulent pas que la révolution aille jusqu’au bout.
Jésus Pino du Front de Révolutionnaire des Travailleurs de la Sidérurgie, et qui était l’invité de cette journée, a signalé l’importance de la participation des travailleurs dans le contrôle et la gestion de l’industrie nationalisée. Aucune entreprise ne peut être socialiste sans contrôle ouvrier. L’expérience du Vénézuela nous montre qu’il n’existe aucun mode de gestion plus efficace. Ce sont les travailleurs eux-mêmes qui prennent les décisions et non une minorité de gestionnaires. Ceci augmente la production, l’efficacité et la participation des travailleurs dans le processus de production.
Erik Demeester a pour finir remercié tous les volontaires, les intervenants et les interprètes. Grâce à une sérieuse préparation, à de brillantes présentations « par PowerPoint », une vision différente et vraie d’un Venezuela révolutionnaire a été donnée. La journée s’est clôturée par une fête Latino…
En avant pour la troisième journée de solidarité !
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